Maison autonome vs maison passive

rénovation d’une maison d’habitation en maison passive - @tipi-architects

Pour entrevoir l'avenir sous un jour meilleur, des alternatives durables aux constructions et rénovations 'classiques' existent. On parle de maison autonome, autosuffisante, passive. Mieux appréhender l'habitat d'aujourd'hui, et donc de demain avec des préoccupations environnementales grandissantes, une habitation autonome, économe et plus respectueuse est de plus en plus recherchée. Utilisant des matériaux biosourcés, des isolants de haute performance, des technologies solaire ou géothermique, la maison dite durable s'envisage pour toutes celles et ceux qui souhaitent amorcer un changement de vie.

Maison autonome ou maison passive, laquelle choisir ? S'appuyant chacune sur des préceptes différents - l'une autosuffisante à tous points de vue ou presque selon le degré d'autonomie défini, l'autre conçue pour satisfaire des besoins en énergie primaires -, ces deux types d'habitation peuvent faire l'objet d'une construction neuve, ou mieux encore, d'une rénovation, participant alors à une démarche durable et porteuse de sens. Si la technologie offre aujourd'hui des garanties considérables en termes d'économie et d'autonomie, le recours à des matériaux locaux, biosourcés et à des techniques plus ancestrales, fait également partie intégrante du processus. En reprenant des principes comme l'architecture vernaculaire ou bioclimatique, en menant une réflexion poussée sur sa consommation énergétique de façon à définir, par exemple, le nombre de panneaux solaires à installer ou encore en choisissant les meilleurs enduits aptes à rendre la maison la plus passive possible, on s'assure d'un habitat à la fois durable et sain.

La maison autonome  versus  la maison passive

La maison autonome ou autosuffisante s'autonomise en tout, pas seulement en énergie. Elle est en mesure de couvrir les besoins de ses occupants en électricité, en eau et même en nourriture. La maison autonome peut ainsi être 100% indépendante des réseaux classiques (d'eau et d'électricité) ou partiellement, selon le degré d'autonomie recherché. Quant à la maison passive, elle s'intéresse uniquement à la partie énergétique (chauffage, éclairage, ventilation) en couvrant les besoins d'énergie primaires par elle-même. Très bien isolée et ventilée, la maison passive tient compte du fait que la chaleur dégagée à l'intérieur (par les occupants, les équipements) et celle venant de l'extérieur (ensoleillement) suffisent à couvrir les besoins de chauffage. Par ailleurs, contrairement à la maison autonome, la maison passive fait l'objet d'une réglementation, répondant à des normes de construction strictes qui permettent notamment de décerner une certification (label délivré par le Passiv Institut), ainsi qu'à la RE2020 (réglementation thermique qui permet d'accéder au standard du passif.)  

Les petits « bémols » de ce type d'habitat : 

Dans une maison autonome, il n'est pas possible de produire et de consommer en même temps, il faut donc stocker l'énergie quelque part. Bien souvent, il faut stocker cette énergie sur batterie, et plus la maison est autonome (c'est-à-dire indépendante des réseaux classiques), plus le nombre de batteries est conséquent.

La principale limite de la maison passive quant à elle, réside dans le fait qu'il est relativement simple de la rendre comme tel en hiver, mais cela se complique en été. Un bâtiment passif est entièrement isolé, à l'intérieur chaque calorie est renvoyée dans le système pour produire de la chaleur. On comprend que dans un bâtiment qui manque d'inertie, le moindre influx solaire en période estivale risque de poser problème car il va alors falloir rafraîchir l'intérieur : dans ce cas il faut en priorité se protéger du soleil avant qu’il ‘tape’ sur le vitrage : pergola, brises soleil extérieur de type BSO….  

Les principes énergétiques et thermiques

Une maison dite autonome s'appuie sur plusieurs systèmes qui garantissent son autonomie totale ou partielle. Des systèmes de récupérateur d'eau et d'assainissement (par la phytoépuration ou de mini station d'épuration) permettent ainsi de ne pas être relié au réseau général d'eau. On peut aussi mettre en place des toilettes sèches.

L'énergie solaire 

Du point de vue énergétique, l'autonomie s'acquière généralement grâce à l'énergie solaire que l'on capte à l'aide de panneaux solaires thermiques et/ou photovoltaïques. L'installation des premiers est intéressante pour chauffer l'eau (eau chaude sanitaire), quand les seconds sont préconisés pour s'autonomiser en électricité. L'alternative aux panneaux solaires réside sans doute dans l'éolien mais reste encore difficile à mettre en place pour l'habitat privé, et je n’ai personnellement pas eu l’occasion d’étudier ou de faire des recherches sur ce sujet. 

La VMC double flux  

Dans l'habitat passif, l'organe de chauffe principal est la VMC double flux. Ce système, bien que ‘relativement’ coûteux, réduit non seulement de façon considérable la facture énergétique, mais garantit également une meilleure qualité de l'air. L'entretien des filtres est primordial si l'on veut éviter l'apparition de moisissures, surtout dans un bâtiment parfaitement étanche. En effet, dans une maison, on produit à la fois de l'humidité et des calories et on distingue de ce fait les pièces sèches et pièces humides.

Pour assurer la pérennité de ce système, le bâtiment en question doit être doté de propriétés thermiques irréprochables. L'isolation est primordiale, aussi bien par l'intérieur que par l'extérieur, à commencer par l'ossature même de la maison. Le béton par exemple ne respire pas et conduit rapidement le froid, alors que l'ossature bois manque d'inertie.

Les qualités hygrothermiques du bâti ancien, elles, permettent une stratégie thermique de qualité. En parallèle, les matériaux comme le pisé (mode constructif en terre crue banchée), la pierre, la chaux, le chaux-chanvre ou encore la fibre de bois sont des matériaux parfaits pour une très bonne isolation du bâtiment mais aussi pour l’étanchéité à l'air.

La construction d'un habitat durable

En parallèle, il convient d'étudier son mode de vie pour envisager sa consommation au plus près de ses besoins voire repenser sa façon de vivre et faire quelques concessions. On ne vit pas dans une maison autonome comme dans une maison classique : il faut être économe et malin, cela va de pair avec un certain minimalisme.

Comme pour toute construction classique, il faut s'assurer que le terrain est viabilisable, si ce n'est déjà le cas. La description des systèmes mis en place (panneaux photovoltaïques, assainissement autonome, etc.) se fait au moment du dépôt du permis de construire. Le choix du terrain lui-même a toute son importance. Au-delà de posséder un jardin, il s'agit surtout de réfléchir l'implantation future de la maison de façon à tirer meilleur parti des propriétés du terrain. Il est essentiel de privilégier les ouvertures au sud, ou encore d'utiliser le relief extérieur, la présence d'arbres, pour se protéger du vent… 

Les matériaux utilisés  

L'isolation est, comme nous l'avons vue, très importante et doit être gérée la mieux possible. Pour moi, le choix du bois (pin douglas français par exemple) s’impose aujourd’hui comme une évidence, couplé à la fibre de bois pour une meilleure isolation par exemple…

Ces matériaux biosourcés s'inscrivent dans une démarche locale, durable et de valorisation des déchets. Même s'il reste plus cher que la laine de roche ou de verre, le bois est un bon compromis en termes de prix, d'isolation et d'impact environnemental. Chaque matériau a ses forces et faiblesses, et de nombreuses alternatives existent aussi suivant les régions (chanvre, liège, ouate de cellulose, laine de mouton, etc).  

L'organisation et l'agencement intérieurs 

Pour allier esthétique et performance énergétique dans sa maison, l'organisation intérieure a son rôle à jouer. l'installation des pièces dites "tampons" (à savoir celles qui n'ont pas besoin d'être chauffées, comme l'entrée, la buanderie et le garage par exemple) plutôt au nord et d'éviter de trop nombreuses ouvertures selon cette orientation. Plus il y a de grands vitrages, plus il faut prêter attention à l'orientation et au confort d’été (protection solaire).  

En intérieur, pour une meilleure qualité de l'air on peut utiliser des matériaux et le recours aux procédés les moins transformés possibles, des peintures non polluantes qui laissent respirer les surfaces, des parquets en vrai bois ou encore la mise en place de cloisons autres qu'en placo® (du fermacell®, composé de gypse et de bandes de papiers recyclés, ou des fibres de bois par exemple). La notion de 'cascade énergétique', autrement dit mettre à profit la chaleur produite par des pièces comme la cuisine pour la réinjecter dans le circuit et en faire profiter les autres qui n'en produisent pas est aussi un sujet à étudier. Enfin, un principe qui peut paraître anecdotique mais qui a bien entendu une grande influence sur la consommation, limiter le nombre de salles de bains n'est certainement pas sans intérêt.  

Dans une maison passive ou dans le cadre de la rénovation d'un bâti ancien, un système de chauffage en plus peut être envisagé. On se tournera alors volontiers vers des poêles à bois ou à granulés.  

Les avantages du bâti ancien rénové

La rénovation d'un bâti ancien est une alternative pérenne à la construction, ne serait-ce que parce qu'elle représente une empreinte écologique bien inférieure, agissant sur le patrimoine déjà existant. Pour garantir le confort thermique en intérieur, été comme hiver, il faut étudier et exploiter les particularités de chaque bâtiment à rénover, s'appuyant sur la capacité des murs à stocker des calories et à les restituer en temps voulu, évitant le recours à un système de chauffage classique. Afin d'éviter les points froids, on peut appliquer des enduits de correction thermique (à base de matériau biosourcé comme la chaux) qui vont eux aussi emmagasiner les calories. Un travail complémentaire d'isolation extérieure et de correction thermique par l'intérieur peut être nécessaire pour rénover un bâti ancien. Les murs sont dits 'perspirants', c'est-à-dire qu'ils ont la capacité à stocker l'hygrométrie, à la déstocker l'été en intérieur pour rafraîchir l'air, et à la renvoyer en extérieur l'hiver, réchauffant ainsi les murs de l'habitation. D'une certaine façon, le bâti ancien ainsi repensé s'autorégule parfaitement.  

Les enjeux d'avenir de la maison passive

La France est en retard par rapport à ses voisins européens. En l'occurrence, la réglementation imposée est très contraignante et pourtant assez éloignée du résultat des bâtiments sur le terrain. Si l'objectif est de généraliser un habitat dans lequel on dépense peu d'énergie, on comprend que la réglementation doit évoluer, incluant tous les acteurs du secteur (architectes, entreprises, constructeurs, métiers du bâtiment).  

Il est aussi important de tendre à plus de collectif et de démocratiser l’entraide. L'autre enjeu est de penser plus local. Cela doit s'étendre à la gestion de l'eau et de la nourriture que l'on peut envisager dans une logique de proximité, l'habitat de demain ne peut s'envisager sans développer les matériaux biosourcés, que ce soit en construction ou en rénovation. Enfin, il en va d'une démarche personnelle qui consiste plus largement à changer son mode de vie pour tendre à la fois vers plus d'autonomie et un plus grand respect de l'environnement.  

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